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1 - La première alerte survint alors que je roulais sur l’autoroute en direction de Narbonne.
2 - Mon arrière-grand-mère maternelle avait été la dernière de mon entourage que j’entendis parler provençal.
3 - La seule fois où j’entendis mon grand-père (...)
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La première alerte survint alors que je roulais sur l’autoroute en direction de Narbonne. Je venais de passer Montpellier. A force de manœuvrer l’auto-radio en quête de quelque chose d’audible, m’était parvenu un Aqui radio lenga d’oc, una radio del (...)
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Mon arrière-grand-mère maternelle avait été la dernière de mon entourage que j’entendis parler provençal. Née à Claviers, un petit village du haut-var, elle avait pourtant fait beaucoup d’efforts pour s’obliger au bien parler et rejeter dans les (...)
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La seule fois où j’entendis mon grand-père parler dans cette langue, c’était à Nice, sur le marché. Le jeudi, j’aimais bien y aller avec lui. Je lui donnais la main. De l’autre, il tenait son cabas noir. Nous déambulions entre les étalages du cours (...)
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Si nous ne parlions pas le provençal, c’était pourtant une langue dans laquelle nous avions le droit de chanter. A l’église. Dans les draperies et l’encens de la liturgie villageoise, la vieille langue oubliée semblait autorisée à une dignité que (...)
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Je tournais donc le dos à la terre et à la langue. Mais le mal du pays n’est pas un simple effet littéraire. Quel que fût le consentement que j’avais pu apporter à ce départ, le désir d’aller voir ailleurs, plus loin, plus au nord, exilé volontaire à (...)
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Je ne sus que des années plus tard l’origine du Coupo santo. Nous était revenu d’Algérie un oncle, cousin germain de mon grand-père, qui n’ayant pas de famille était venu habiter près de chez nous. Il venait au moins une fois par semaine manger à la (...)
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Le hasard, la force de l’amour, plutôt, et le destin d’une vie qui y trouva son accomplissement, firent que des innombrables villes et quartiers dont l’Ile-de-France est nantie, ce fut sur la commune de Draveil qui m’accueillit, là que je vis (...)
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A quel point Maurras était provençal, je ne l’ai découvert que très récemment à la lecture de l’ouvrage que Stéphane Giocanti lui a consacré. Je m’étais enfin décidé à aller voir de quoi il retournait dans cette pensée, cette écriture aussi, qui avaient à (...)
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Je veux croire à cet air du temps que l’on respire sans y prendre garde, une bouffée ici, une bouffée là, et un jour ça prend corps en soi, comme si c’était de soi, on ne sait pas comment ça a commencé ce dont on est sûr c’est que cela répondait à une (...)
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Étions-nous condamnés (nous, provençaux de la marge, occitans des frontières) à devoir toujours chercher notre vérité sur des terres et dans une histoire qui n’étaient pas les nôtres ? Je n’avais peut-être fait que substituer à la lointaine (...)
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De toutes ces identités perdues, je ne pouvais finalement revendiquer aucune. Je n’étais rien. Sorte de métèque. Ne sachant baragouiner qu’une sorte de sabir qui est la marque des éternels étrangers. Étranger sur ma propre terre de naissance. Ne (...)
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Il arriva qu’ayant publié un roman qui se passait à Nice – le Nice de mon enfance – un éditeur s’avisa de me commander un texte sur cette ville qui, par bien des aspects, m’était devenue étrangère. J’y retournai. Me mis à arpenter ses rues. Parmi les (...)
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Lorsque je reviens dans "mon" village et en parcours les étroites ruelles, c’est bien des langues que j’y entends désormais. Anglais, allemand, néerlandais. Et l’arabe, aussi, un arabe tunisien que parlent de nombreuses familles venues s’installer (...)
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Au jour où, à Mouans-sartoux, je fus saisi par cette langue, je m’empressai d’acheter deux livres de Robèrt Lafont que j’emportai aussitôt dans mon exil francilien. L’un est un cycle de poèmes, La Gacha et la cisterna, paru aux éditions Jorn. L’autre (...)
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Il faut que je fasse attention, me dit ma mère, au téléphone. Je glisse de plus en plus facilement des mots de provençal dans ce que je dis. Je vais finir comme ma grand-mère... Elle ne m’en chante pas moins un cantique à Saint-Joseph qu’elle a (...)