Petits points cardinaux

Michel Séonnet

27 - Par dessus le mur

Le 15 octobre dernier, en plein jour, un groupe d’une centaine de migrants a essayé de rejoindre l’enclave espagnole de Melilla située sur la côte marocaine. En sautant par dessus la double barrière grillagée de 6 mètres de haut, une vingtaine d’entre eux auraient réussi à passer. Les migrants qui ont pu entrer à Melilla se sont réfugiés dans une école. (article en espagnol)

Quelques jours plus tôt, une trentaine de migrants subsahariens de différentes nationalités (Cameroun, Congo, Mali) ont été déportés par force de la ville de Nador, proche de Melilla, vers la frontière Algérienne. Parmi eux, il y avait 6 femmes dont une enceinte et un enfant de 13 mois. Tous étaient des rescapés d’une embarcation de fortune qui a chaviré en tentant de passer de Nador à Melilla. Selon leur témoignages, ils sont restés dans la mer pendant plus de 5 heures, cinq parmi eux ont péri (3 femmes congolaises, un homme et un enfant) avant que les gardes côtes marocains n’interviennent. Après l’opération de sauvetage, ils ont été transférés à l’hôpital de Nador puis au poste de la gendarmerie avant d’être transportés vers la frontière algérienne où un bon nombre d’entre eux ont été refoulés. 5 femmes , 6 hommes, et un enfant ont été laissés dans un endroit désert et très dangereux à environ 40 Km de Nador.

La commission de l’émigration de l’AMDH Oujda (Association marocaine des droits de l’homme) a pu joindre ce groupe tard pendant la nuit et a pu constater que "ces émigrés se trouvaient en pleine nuit dans une zone déserte". Qu’ils avaient "marché à pieds de 9h du soir à 7h du matin".

"Les signes de désespoir, de peur et de désarroi paraissaient sur eux à cause de la déportation et ses conséquences. Ils souffraient énormément à cause de la longue marche et la faim. Une femme enceinte n’a cessé de vomir pendant tout le trajet, alors qu’une autre jeune maman portait son enfant à tour de rôle avec ses compagnons."
(suite de l’article ici)

En écho à cette guerre silencieuse faite chaque jour en notre nom aux migrants, je mets en ligne :

Un exode.

J’ai écrit ce texte il y a quelques années après avoir passé du temps à Oujda avec certains de ces migrants. A l’époque, j’y avais entre autres rencontré deux femmes. Chacune avait un bébé en bas-âge.

Avec la petite Latifa

Avec le petit Joseph

Avec mon raisonnement d’européen, j’avais tenté de les dissuader de tenter la traversée. Elles me souriaient gentiment, comme si elles me plaignaient d’être si naïfs. Elles ne m’ont pas écouté. Au risque de leur vie et de celle de leur enfant, elles sont passées.

Arrivée de Nafisah et Latifa sur la côte espagnole

Aujourd’hui, toutes les deux vivent en Europe. L’une d’elle vient d’obtenir son diplôme d’aide-soignante et prépare le concours de l’école d’infirmière.

lundi 22 octobre 2012

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