Petits points cardinaux

Michel Séonnet

7 - Retour à Nice

Au mois de février 2011, alors que j’essayais pas à pas de remonter des ténèbres, deux ans déjà que le désastre avait eu lieu et pourtant c’était toujours hier, s’imposa la nécessité de renouer avec l’enfant que j’avais été, solitaire, bègue, survivant, et son dialogue avec la mer.
La première page d’un cahier noir en porte les prémices.

Il y a un petit garçon qui m’attend au bord de la plage.
Il passe des heures à regarder la mer.
Il a les pieds qui s’enfoncent dans les galets à chaque coup de vague.
Il a les jambes rougies à force d’eau et de sel.

Il crie des mots.
Il rêve.
Il attend.

Se demande qui viendra.
Se demande si viendra.

Le lendemain, ces premiers traits se prolongèrent ainsi :

Je ne crois pas avoir vraiment grandi. je suis toujours ce gosse aux jambes maigres dans le short trop grand qui venait en catimini à la sortie de l’école s’asseoir au bord de la mer et regarder les vagues.
Qu’est-ce que j’ai à dire à ce gosse-là ?
Quel compte ai-je à lui rendre ?
Qu’as-tu fait de moi ? il demande.

Sur la page d’après, m’était revenu ce verset du psaume 131 (130) :

comme un petit enfant, telle est mon âme en moi
(Chouraqui : Comme un nourrisson sur moi, mon être)

que j’avais prolongé ainsi :

retrouver ce petit enfant qui est en moi
qui n’a jamais cessé d’être

même si tû
tenu pour rien.

Alors le titre s’était écrit :

L’enfant qui regardait la mer.

Puis les trente cinq séquences qui composent au aujourd’hui ce texte et que je donnerai à lire ici.

jeudi 16 février 2012

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