Petits points cardinaux

Michel Séonnet

Comme battements d’ailes

C’est une grande jour de voir apparaître Gatti parmi tous les visages chers et les oeuvres qu’accueille la collection Poésie/Gallimard.
Ce fut un choix fort de Jean-Pierre Siméon d’inaugurer sa direction de la création avec (entre autres) ce volume consacré à Gatti.
Qu’il en soit remercié.
Des dizaines de poèmes écrits et publiés par Gatti, je n’ai pu en retenir ici que six :
Motr ouvrier (1961)
Poème de Berlin (1978) - extrait
La première lettre (1978) - extrait
Poème cinématographique (1984) - extrait
Docks (1990) - extrait
La parole errante (1999) - extrait.
N’empèche. Dans la bataille que depuis des années nous sommes quelques uns à mener pour que l’oeuvre de Gatti soit reconnue à sa (dé)mesure, je souhaite que ce volume apporte sa pierre (son pavé de barricade).
Tout au long des mois à venir nous appuierons sa publication pqar différentes différentes manifestations, à Paris, à Montreuil, à Nice...

Extrait de la préface :

L’oiseau passe. Et dans son vol, le poète reconnaît le mouvement même de l’écriture. Son utopie.
"Le fondateur de toutes les écritures, c’est le vol des oiseaux", dira La parole errante. Et d’ajouter : "Seuls les oiseaux détiennent notre part de victoire." La question du vol de l’oiseau devient centrale, réitérée. D’où la place que prendra dans cette œuvre la figure de l’anarchiste Cafiero qui tenta de s’envoler du mont Cecerri qui domine Florence, là-même où Léonard de Vinci se rêva lui-même oiseau. Dans le chapitre justement intitulé "Le livre des oiseaux", des litanies de noms d’oiseaux n’ont semble-t-il d’autre but que de faire s’envoler le livre lui-même.
Le vol serait-il l’unique salut des mots cherchant à déjouer les attendus mortifères du livre qui les retient ? Serait-ce là la condition de l’errance de la parole ? De sa liberté ? De sa survie ?
La question est posée dans Le passage des oiseaux dans le ciel (la version théâtrale du Poème cinématographique) :

Question d’avant l’écriture ; elle devrait vous accompagner pendant tout le poème. La réponse est en vous.

Que survit-il
sous le ciel
après le passage
d’une migration
d’oiseaux ,
Notre espace en est-il
transformé ?

Devenir oiseau. Est-ce à cela que doit s’atteler le poème ? Restituer les êtres à leur réalité d’oiseau ?

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