Petits points cardinaux

Michel Séonnet

fatigue

fatigue ..............................................................................................................................................

qui me laisse.....sans bras.....sans jambe.....sans moi.....qui me laisse désuni..... affalé sur une plage mouvante.....que même le bruit de la mer a abandonnée.....où est passé mon corps ?.....ce n’est qu’un trou verbeux.....qui ressasse ses je ne peux pas.....ainsi le dieu au désert se retrouvant brusquement sans dieu ?.....fatigue que rien n’a fatigué.....mais qui sourd d’elle-même.....de son propre silence.....comme sans origine.....seul l’enfant né-mourant pourrait peut-être.....mais il parle à voix inaudible (si il parle !)

n’ai-je jamais fait que vivre.....dans l’incompréhension de ce murmure.....si lointain.....d’en deçà la création du monde, on dirait avant même les étoiles.....murmure du chaos que l’enfant bébé mourant.....ressassait.....s’y complaisant peut-être.....y trouvant en tout cas quelque chose.....qui lui ressemblait.....fatigue natale que je rejoins

é.....puisé.....vidant le puits de ma propre eau.....geste après geste.....seau après seau.....à quérir mon propre visage.....au miroir du sec.....tout au fond.....c’est ainsi que l’on vide.....étang canal.....à la recherche d’un corps.....une épave.....fatigue qui m’épave auprès de mon double.....gisant fait de boue.....corps de terre.....si près du premier glèbeux pétri

et tomber là.....si profond.....ce serait dans l’attirance.....de ces mains.....qui me tiendraient en glaise.....et recommenceraient.....tout.....depuis le premier jour.....la première fatigue ?

j’é.....puise.....le temps.....gorge et ventre es.....soufflé.....le sexe aussi.....j’emmêle les arcanes des jours.....pas un rameau ne tire vers le haut de l’air.....bois sec.....oiseaux à bout de chant.....sinon des lambeaux de trilles.....bave d’escargot sur le ciel

il n’y a ni jours ni dates inscrites.....sur le ciel.....seul le passage des vents.....des oiseaux.....et mon ombre à l’envers.....que projette l’obscur.....mon visage en nuages ma main.....qui se perd bien plus loin que mon bras

peut-être ne suis-je pas encore descendu assez profond pour n/aître

ne pas combattre.....laisser filer.....comme si c’était porté par un vent ascendant.....vers le bas.....jusqu’.....au profond de l’empourissement des choses animées.....emmêlé de racines.....de grouillements.....de gluances.....placenta enfoui de l’enfant perdu.....que j’aurais pu

venu du fond du corps.....là où la terre et le corps.....ne font qu’un.....l’univers qu’un.....ça ronfle d’un lointain.....de machine animale.....ça parle peut-être.....mais pour dire quoi ?.....la chair s’efface.....le bourdonnement fait corps.....ne suis plus que.....fait d’air sombre.....aussi compacte que de la.....terre

ô pétris-moi.....pétris l’air poussiéreux que je.....au premier temps du Vent

est-ce que.....je suis.....trop vieux pour n/aître.....une fois encore.....tant de fois.....essayé.....réussi.....défait.....essayé.....réussi.....défait.....de mort en mort.....de fatigue en fatigue.....entre les deux quoi ?.....toute une vie en chapelet .....Te Deum et Requiem.....Leçons de ténèbres.....comme si pour n/aître.....il (me) fallait renoncer.....gestes.....combats

................................................................................................................................... sinon l’amour

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