Chaumont. SIGNE - Centre national du graphisme.
Avec des personnes en demande d’asile au CADA. La question ne leur est pas incongrue. Être français ? On a ouvert une boite à mots inépuisable. Richesses insoupçonnées. Partage de soi, aussi.
Avec eux aussi on s’arrête devant le tableau de Delacroix. La liberté guidant le peuple. Que ce tableau inspire d’ardeur ! Que cette femme nous entraîne ! Volée de mots qui viennent à simplement regarder son geste. Courageuse, forte, capable, motivée, (…)
Après Nice (quartier de L’Ariane), c’est Chaumont (quartier La Rochotte, Le Signe – centre national du graphisme) et Paris (quartier Chaufourniers).
A chaque fois les mêmes scintillements de mots. Être français ? D’abord ça regimbe un peu. Ça traîne dans les banalités. Puis peu à peu viennent les mots. Un. Puis un. Doucement ça s’ouvre. Ça claque.
On ose associer l’imprévisible. Être français ? Blé en herbe. Être français ? Pain qui cuit. Les mots jaillissent en gerbe. La feuille les (…)
Travaillant en ce moment sur un projet de livre de photographies de la Promenade des Anglais avec la photographe Elizabeth Billhardt - difficile d’éviter ce 14 juillet. Pour le marquer différemment qu’en tricolore, cette photo d’Elizabeth, ce texte qui lui fait écho.
In memoriam
Souvent, à la suite d’un coup de vent, on voit de ci de là sur les galets des restes de bois, des plastiques, des lambeaux de tissus que l’on pourrait croire d’un naufrage. Ils disparaissent vite. Emportés par (…)
Elles ont donc fini par écrire des quatrains. Mots découpés dans leurs propres mots. Mots collés, rapprochés, ramassés. Mots cueillis comme un printemps de fleurs. Chacune son quatrain.
Celui-ci par exemple :
Notre guerre c’est la langue française Courage de s’exprimer, de parler, de sortir Courage de l’immigrant qui affronte une société inconnue Notre guerre c’est de nous faire accepter comme nous sommes
Ou cet autre :
La liberté c’est un petit air doux, tout frais, qui caresse le (…)
De ces femmes des cités populaires, et particulièrement quand elles sont musulmanes, voilées, on se complaît à dire que leur tenue est la manifestation de leur oppression, que leurs vies sont dépourvus de pensée, de courage.
Ce mardi 17 janvier, au quartier de L’Ariane, à Nice, elles étaient tout un groupe devant qui j’ai déployé des reproductions du tableau de Delacroix Le 28 julllet : La liberté guidant le peuple. Elle n’en ont été ni surprises ni effrayées. Elles ont fait corps avec (…)
Ce texte, écrit avec les femmes migrantes de l’association Médiation Cité au cours de l’atelier que j’anime à la Médiathèque Léonard de Vinci du quartier de L’Ariane.
Nous parlions de la guerre L’une d’entre elles, d’origine marocaine, avait apporté les papiers militaires de son père qui a combattu pour la France en Indochine. Et une autre a attaqué comme ça :
Nous, notre guerre, c’est tout ce qu’il y a payer.
Les autres ont enchaîné. Mot après mot. Jusqu’à ceci.
Nous, notre guerre (…)
31 Levées originales exprimées par leur titre de "Levée 1" à "Levée 31", ont été réalisées en l’année 2016 par Michel Seonnet sur une proposition de Martin Miguel.
En mai 2016 au quartier de L’Ariane (Nice), j’ai mené un travail d’écriture avec un groupe d’une douzaine de femmes en cours d’alphabétisation dans le cadre d’un partenariat entre les associations Médiation Cité et Alpes-Maritimes Diversité.
A ces femmes qui venaient du Maroc, de Tunisie, d’Algérie, du Cap Vert, je demandais : Qu’est-ce que ça veut dire « être français » ? Qu’est-ce que ça vous évoque ? Quels sont les mots qui vous viennent ? On n’était pas là pour faire des discours. On (…)
Pendant l’été (qui dure encore), j’ai travaillé sur deux manuscrits dont je ne suis pas l’auteur. Une sorte d’assistance technique et rédactionnelle. Deux manuscrits que je dois à deux dames de plus de quatre-vingts ans
Le premier m’est venu de ma tante, Rose-Marie Bouge. Elle est a eu très longtemps des responsabilités chez les Guides de France. C’est dans ce cadre qu’elle a mené à Mélan, un village des Alpes-de-Hautes-Provence, une belle expérience de vie spirituelle. Dans ce village, (…)
Charleville-Mézières - Quartier de La Houillère - Centre social Dhôtel
Nous poursuivons avec Jean-Marc le travail autour des Treize soleils commencé avec les étudiants de l’Institut international de marionnettes. En guise d’introduction nous répétons, comme à chaque fois, ce que les mots de Victor Hugo ont fait naître en nous. Un appel.
18 février
Sur la vaste page blanche étalée sur le sol un point noir déposé au pinceau. NOUS SOMMES LE CENTRE D’UNE ETOILE et la diversité de ses (…)
Face à la violence des crimes commis le 13 novembre à Paris et le 22 mars à Bruxelles, beaucoup en sont venus à une détestation souvent belliqueuse de l’idéologie dont se réclamerait les assassins - l’Islam.
De proche en proche, ceux-là ont élargi leur condamnation à celle des musulmans en général, puis de toutes les religions, de tous les croyants. Le fait que l’on puisse se tourner vers un dieu étant alors considéré comme une perversion en soi dont ces actes ne seraient que l’inévitable (…)
Lors de ma résidence au Centre Pénitentiaire de Réau, j’ai fait la connaissance de Marixol Ipparagire, une détenue politique basque qui y subit une longue peine.
Je me souviens du premier jour. A tous j’avais posé la question : Qu’est-ce qui fait que l’on tient ? La réponse de Marixol avait été radicale : Chercher à comprendre. M’était revenue la phrase de l’anarchiste italien Camillo Berneri reprise par Gatti dans Contre Opéra : Quoi qu’il en coûte, comprendre.
Depuis la solidarité (…)
Ce sont quelques pages rescapées d’un manuscrit ancien. Une quinzaine d’années, sans doute. Un texte qui tournait autour de l’assassinat des moines de Tibhirine. Le titre venait d’une page des Damnés de la terre de Frantz Fanon. Les petits, les grands, les femmes, les enfants, les chiens, les oiseaux, les ânes ... tout le monde y passera ... Après je pourrai dormir tranquille ... Il a refait surface ces jours-ci. Avec cette lancinante question : tout ce que nous avons pu écrire, tout ce (…)
Cela fait plus de deux ans qu’avec mon comparse-graphiste Jean-Marc Bretegnier nous proposons ici et là de prolonger la fable des Treize soleils ouverte par Armand Gatti il y a près de cinquante ans, rue Saint-Blaise, à Paris.
Chaque homme est un soleil !
Cette fois c’est à l’invitation de l’École Nationale Supérieure des Arts de la Marionnette (ESNAM) de Charleville-Mézières que nous avons proposé cette injonction à prendre parole de soi-même.
Treize élèves. Plusieurs nationalités. La (…)
Je me risque à livrer jour après jour, sans recul, un dialogue avec la mer, impromptu, dans une forme que je n’ai pas décidée mais qui s’est posée là, dans la prétention de pouvoir, depuis ici, recommencer (avec) la mer
Voilà. C’est fait. Me voici installé dans mon nouveau bureau. A Nice. Une ancienne chambre de bonne juste au dessus de notre appartement. J’ai quitté Nice en 1974. J’y reviens plus de quarante après. Avec le sentiment d’avoir tant de choses à y découvrir, de rencontres à faire. J’aime, par la fenêtre, la présence de cette mer que l’on croirait au dessus des toits, signe fraternel et puissant, non pas appel à partir, mais invitation à faire demeure en sa présence. Pendant toutes ces années au (…)
Depuis la fin du mois d’octobre, j’ai interrompu la publication du récit de ma résidence au Centre pénitentiaire sud-francilien (CPSF) de Réau. Pourtant elle n’a pas cessé. Et j’ai régulièrement tenu le journal de mes interventions.
Mais j’ai été rappelé à l’ordre par l’administration. Aucun écrit ne doit sortir qu’elle n’ait lu et autorisé. Je me suis donc plié à cette obligation. Il a fallu du temps pour que les services concernés décident de quel type de texte il s’agissait (journalisme (…)
Il fallait bien que ça m’arrive un jour.
Voilà que, à la demande des éditions Hachette, je viens d’écrire un livre sur le pape François.
L’homme qui allait devenir pape
De moi-même je ne m’y serais sans doute pas aventuré. Trop pris l’habitude d’écrire sur les morts ? La crainte d’être (un peu plus) catalogué ?
Il est vrai que ce pape m’intriguait. Et que, après la glaciation imposée à l’Eglise par les papes précédents, celui-ci dénotait.
D’où la question : comment un homme comme (…)
Joseph Lépine devrait être enterré cette semaine dans le cimetière chrétien de Oujda, au Maroc, dans lequel il y a quelques années je l’avais photographié. Dans ce cimetière, Joseph avait voulu me montrer les tombes des migrants clandestins qu’il y avait fait enterrer. L’accueil des migrants clandestins a été la grande oeuvre de sa vie. Il leur avait ouvert son presbytère de la cathédrale catholique de Oujda. Il leur avait ouvert ouvert la cathédrale elle-même dont il avait transformé les (…)
Au cours des rencontres que j’ai avec les lecteurs de mon dernier roman, Le pays que je te ferai voir, plusieurs m’ont posé des questions sur le devenir de Louise et de l’enfant qu’elle a dans les bras au moment où le livre s’achève. Ils voudraient que j’ai une réponse. Qu’il y ait une sorte de "fin".
Il se trouve que pour aboutir à cette ultime version d’un texte qui s’est longtemps appelé "Les naufragés", j’ai tranché des pans entiers de ce que j’avais écrit. Parfois, pensant aux (…)