Cela fait plus de deux ans qu’avec mon comparse-graphiste Jean-Marc Bretegnier nous proposons ici et là de prolonger la fable des Treize soleils ouverte par Armand Gatti il y a près de cinquante ans, rue Saint-Blaise, à Paris.
Chaque homme est un soleil !
Cette fois c’est à l’invitation de l’École Nationale Supérieure des Arts de la Marionnette (ESNAM) de Charleville-Mézières que nous avons proposé cette injonction à prendre parole de soi-même.
Treize élèves. Plusieurs nationalités. La dixième promotion de l’école. Chacun éclairé du dedans par le désir passionné de faire qui l’a conduit jusque là.
Dans la salle de travail devenue atelier d’images, J.M. les conduit à libérer le trait pour faire paraître un signe dans lequel ils se reconnaissent. Pour nourrir leur geste, ils ont apporté des images, des bribes de textes, des objets. Ils tentent de se mettre au jour à travers les lettres gravées de leur propre prénom qui d’énigme devient poinçon, signature. Le trait d’encre devient leur empreinte de soleil sur la page.
Dans la salle voisine, ils se campent à la table d’écriture pour tirer les fils d’un texte qu’ils ont eux-mêmes écrit il y a quelque temps – Qu’est-ce qu’être marionnettiste ? Ils en feront une parole qui , parce qu’elle est au plus près d’eux-mêmes, devient partageable même avec celui qui n’a ni intérêt ni même connaissance de l’art du marionnettiste. Nous citons Henri Michaux :
C’est ainsi qu’ils deviennent à leur tour soleil – Treize soleils de la rue du petit bois.
Leurs signes, leurs mots, le poinçon de leur signature deviendront affiches collées dans divers lieux de la ville.Un collège. Deux maisons de quartiers. Elles y seront appel pour ceux qui vivent là à entrer à leur tour dans la danse des soleils.