Charleville-Mézières - Quartier de La Houillère - Centre social Dhôtel
Nous poursuivons avec Jean-Marc le travail autour des Treize soleils commencé avec les étudiants de l’Institut international de marionnettes.
En guise d’introduction nous répétons, comme à chaque fois, ce que les mots de Victor Hugo ont fait naître en nous. Un appel.
18 février
Sur la vaste page blanche étalée sur le sol
un point noir
déposé au pinceau.
NOUS SOMMES LE CENTRE D’UNE ETOILE
et la diversité de ses matières, aussi
ses composantes, son rayonnement,
et pour en donner une idée
CINQ BRANCHES
cinq bras, cinq axes, cinq ondulations
que le pinceau élargit en noir sur la feuille,
le mouvement s’amplifie
on se dépasse soi-même
les traits sur la feuillent deviennent signe.
Les mots viennent répondre au trait.
Des mots communs, d’abord :
famille, naissance, Algérie,
foot, respect, solidarité,
des mots que la main qui s’est déliée en peignant
creuse, active.
Chaque mot ouvre sur d’autres
qui le précisent, l’éclairent,
et rendent à celui qui les écrit
ce que le commun des premiers mots
lui avait retiré de lui-même.
Le mot FOOT s’éclaire en EMOTION, PARTAGE, SOLIDE
le mot ALGÉRIE prend les formes de la terrasse d’une maison à Alger, du silence des montagnes de Boukhacha, de l’impressionnante architecture de Notre-Dame d’Afrique
le mot QUARTIER devient MON PAYS
et le mot MUSIQUE une balade en vélo dans le centre ville en écoutant le rap de PNL.
Peu à peu, les mots qui viennent s’accrocher aux traits font visage.
Ce que nous appelons SOLEIL
commence à apparaître.
Et invite à poursuivre.
Pour que chacun puisse leur donner encore plus
de la fragile lumière qui est en lui.
Pour que la main qui déploiera le trait noir sur les bâches
rouge bleu vert jaune
y accroche avec les mots calligraphiés
quelque chose du souffle qui la porte.
Chaque souffle unique.
Etoile au milieu d’autres étoiles.
Au regard de tous.
13 et 14 avril
Cette fois il s’agit de se projeter vers les autres.
De déployer sur les bâches les traits et les mots qui sont nés sur le papier.
Quatre bâches.
Quatre couleurs.
Il faut choisir parmi les signes celui qui identifiera chaque bâche.
D’abord le blanc.
Peindre sur une bâche n’est pas la même chose que dessiner à l’encre sur du papier.
Il faut que la main se délie, le bras, tout le corps.
D’abord ce sera à peine tracé d’un blanc très pâle qui permet les corrections.
Puis d’un blanc plus appuyé quand la main trouvera son aise.
Les signe se déploient.
Quand le signe est en place alors viennent les mots.
Il faut essayer de voir comment les mots vont venir s’y agréger.
S’aimanter les uns les autres.
Les mots qui fédèrent.
Ceux qui viennent s’y rattacher.
Premier jour : le blanc est posé.
Vient le noir
Il s’agit de "faire vibrer" la bâche comme ne cesse de le répéter Jean-Marc.
Noir sur blanc.
Le noir décalé par rapport au blanc.
Jeu.
Vibrations.
Les jeunes s’y mettent avec cette vibration en eux.
Viendra que l’on en surnommera un "Basquiat" tant au fil des heures son coup de pinceau prend de la vigueur, du rythme, de la présence.
Au soir, les quatre bâches sont terminées.
Elles seront accrochées dans le hall du Centre social.
Puis, au mois de juin, au Collège Rimbaud, quand nous y installerons ce qui a été réalisé dans les différents lieux de Charleville où à force de mots, le soleil vient à la couleur.