En mai 2016 au quartier de L’Ariane (Nice), j’ai mené un travail d’écriture avec un groupe d’une douzaine de femmes en cours d’alphabétisation dans le cadre d’un partenariat entre les associations Médiation Cité et Alpes-Maritimes Diversité.
A ces femmes qui venaient du Maroc, de Tunisie, d’Algérie, du Cap Vert, je demandais : Qu’est-ce que ça veut dire « être français » ? Qu’est-ce que ça vous évoque ? Quels sont les mots qui vous viennent ? On n’était pas là pour faire des discours. On était là pour faire naître des mots, des formes, des couleurs. Non pour faire face à des sommations, mais pour imaginer et que chacune trouve sa propre parole.
Avec quels mots faire le portrait d’un français ?
Ils ont vite envahi le tableau sur lequel j’écrivais pour elles. Dans le désordre. Comme ils venaient. Sans tri ni hiérarchie.
Bonjour. École. Langue. Liberté. Égalité. Fraternité. Baguette. Fromage. Merguez. Jambon. Pâtes. Salade. Santé. Médecin. Orphelinat. Lumière. Immeubles. Jardin public. Parc. Pins. Roses. Jasmin. Vigne. Nature. Préfecture. Pôle emploi. CAF. Carte d’identité. Droits. Couleurs. Rouge. Bleu-ciel. Vert. Respect. Parfum. Choisir. Communiquer. Liberté d’expression. Liberté religieuse. Rue. Trains. Associations.
Ensuite nous avons pris un à un plusieurs de ces mots pour voir de quoi ils étaient faits.
Il y eut ainsi une douzaine de textes. Lus en public par les femmes elles-mêmes à la Bibliothèque Léonard de Vinci. Une joie. Une appropriation. Une victoire.
On peut les lire en cliquant ici.
Depuis cette semaine j’ai repris ce travail. Même groupe de femmes. Mêmes associations. Mais cette fois en confrontant leurs mots à ceux venus d’autres qu’elles (poèmes, récits), à des images (d’actualité, ou historiques).
De quels mots s’emparer pour dire ce que l’on a à dire ?
Et dans cette rencontre tenter de donner forme à quelques possibilités d’être français.