Travaillant en ce moment sur un projet de livre de photographies de la Promenade des Anglais avec la photographe Elizabeth Billhardt - difficile d’éviter ce 14 juillet. Pour le marquer différemment qu’en tricolore, cette photo d’Elizabeth, ce texte qui lui fait écho.
In memoriam
Souvent, à la suite d’un coup de vent, on voit de ci de là sur les galets des restes de bois, des plastiques, des lambeaux de tissus que l’on pourrait croire d’un naufrage. Ils disparaissent vite. Emportés par ceux qui ont pour mission de restituer à la plage ses allures de plage. Jamais ces débris n’accèdent à la Promenade. Sauf depuis ce jour. Lorsque la terrible tempête humaine a frappé de morts et de folie le paisible attroupement de ceux qui étaient là pour voir le feu d’artifice. Alors sont venus s’accrocher tout au long de la Promenade des fleurs par brassées, des mots, des dessins, des peluches d’enfant. Au fil du temps, fanées par le soleil, délavées par les pluies, toutes ces offrandes sont devenues semblables à ces objets rejetés par la mer après y avoir été lourdement secoués. Si bien que, posés ici pour faire mémoire du drame qui a eu lieu ici, ces hommages, sans l’avoir voulu, ont fini par devenir comme des signes venus de l’autre côté de l’eau. D’autres naufrages. D’autres drames. La pluie, le vent, le soleil, unissant en une seule mémoire les victimes d’ici et celles qui tombent, presque chaque jour, dans d’autres villes, sur d’autres rives de cette mer commune. Une même pensée pour tous les assassinés de cette guerre folle.
