Petits points cardinaux

Michel Séonnet

Un peu de toi

L’Amourier, octobre 2012

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Toutes les brûlures de l’amour. Toute la passion d’une vie. Toute l’ardeur de l’amour qui accompagne l’aimée, mourante, jusqu’aux portes de marbre. Tous les bouleversements de cette incompréhensible présence, la femme aimée, la vie. Et les
douloureux bouleversements de son impossible disparition.

Au lendemain de la mort de la femme qu’il aime, le narrateur entreprend de dire encore un peu de toi. Il convoque ses souvenirs : première rencontre dans une cour de collège où il intervient lors d’une expérience pédagogique (et la fulgurance de cette apparition vêtue de jaune… Ah ! la symphonie des couleurs dans les évocations de
Séonnet !) ; lentes et timides approches ; vie commune dans les tensions de la vie ; jusqu’à l’accompagnement quotidien, toujours infiniment aimant et désirant, tandis que le corps de l’aimée subit les attaques conjuguées de la maladie et des soins médicaux. Il ouvre les carnets auxquels elle confiait ses doutes, ses troubles, les douleurs
et les réussites de sa mission d’enseignante et en coud des fragments à ses propres récits. Il se rappelle les discussions, les rêves communs, les déchirures communes, l’espérance et la foi communes, le partage des émotions que procurent l’art, la musique, la littérature. Il plonge dans les livres qu’elle lisait quand elle était étudiante, suit ses réactions dans le labyrinthe des traces que la lectrice a laissées,
recueille les phrases qu’elle soulignait, tisse ses mots et ceux d’elle, avec ceux des auteurs qu’elle aimait. Rappelle leurs lectures communes et les rêves communs que les livres font naître. Retourne sur les lieux où ils étaient ensemble. Paysages. Villes. Églises. Cathédrales… Et regarde vivre leurs enfants. Leur œuvre commune.

En contrepoint du récit, une interprétation du Cantique des cantiques : chant d’amour au sanctuaire des corps mêlés quand la
fusion des sueurs, des peaux et des chairs est de fait celle des âmes, que les portes du sexe donnent accès à Dieu. Prière.

Ainsi Michel Séonnet fait apparaître l’image de Monique, la femme aimée, et l’installe sous les paupières et dans la conscience de son lecteur. Lui donne chair. La fait durer. Monique l’ardente, la fulgurante,
la militante, la combattante, l’amante, la généreuse, celle qui donne
et qui ne reprend rien, la souffrante, meurtrie par les douleurs du monde avant de l’être par la maladie.

Ce livre donc, pour garder un peu d’elle, en dépit de la mort comme une ode à la vie. À cette vie qui n’est pas douceur sereine ni
harmonie, mais effort à se concilier la violence des éléments, à transformer en essor ce qui pourrait survenir, vie rude, âpre, inquiétante bien souvent, mais enivrante au moment où la
chute se renverse et que l’envol retrouvé ouvre un ciel si grand.

“ Guerre à la mort ! ” dit-elle.

Raphaël Monticelli, Le basilic

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