Armand Gatti a souvent raconté comment, adolescent, il avait tenté de marcher sur les eaux du port de Monaco à la seule force des poèmes qu’il récitait. Ainsi, déjà, voulait-il défier un des principaux adversaires de la vie humaine : la pesanteur. Toute sa vie il n’a cessé de déployer poèmes, films, pièces de théâtre, pour tenter de répondre à ce défi. Atteindre la démesure. Se donner une dimension d’univers. Parlant de ceux et celles qui sont parti-es en fumée dans les crématoires nazis, il dira : Enterrer, c’est dans la terre. Inventer c’est dans le vent. Les morts de ce temps là, il faut les in-venter. D’une certaine manière il donnait là l’orientation de toute son œuvre. Mettre dans le vent, dans le vol, ceux que les verdicts de la vie et de l’histoire ont foudroyé.. Comme si l’écriture pouvait offrir à chacun le devenir oiseau que la nature lui refuse.
Pendant plus de quarante années, Michel Séonnet a accompagné le travail et l’œuvre de Gatti. D’abord par des « expériences » menées dans différentes villes. Puis par l’ écriture, préfaces, articles, interventions consacrées à son œuvre. On trouvera dans ce livre la plupart de ces textes aujourd’hui difficiles d’accès ainsi que d’autres, inédits.
Olivier Neveux - L’allégresse du messager (Préface)
Jean-Pierre Léonardini - Armand Gatti voleur de feu (L’Humanité, 02-06-24)