Jusqu’à ce jour
la mer
était toujours
étale
frémissant
à peine
au ras des serviettes
de plage étalées
sur les galets
baigneurs ravis
enfants rieurs
on entrait dans la vague
sans trop savoir
où était le dehors
où était dedans
d’un seul bleu
le ciel
la mer
les galets
le nageur
l’impression de s’y fondre
jusqu’à ce jour
de roulement des galets
de poudre luminescente
jetée à la face du ciel
mer qui se dresse
qui revendique
d’être mer
malmenant la rive
vacancière
midi
il n’y a presque personne
sur la plage
malgré la vaillance
du soleil
je pénètre
droit devant
dans la vague luxuriante
le corps vibre sous le choc
s’élance
dans la profondeur verticale
de l’eau
la danse peut commencer
la tête
les bras
les jambes
le ventre aussi
s’entremêlent
d’une mer
bleu crème
qui fait mine
de les disloquer
elle contient
sa furie
elle joue
elle ne mord pas
l’enfant
est de retour
mon corps vieilli
lui a cédé la place
il a douze ans
il a quinze ans
ses membres
son ventre
ses yeux
s’éveillent
à la violence
du plaisir
il se laisse griser
par l’étreinte
de mer
il la domine
elle le renverse
il crache
halète
elle le roule
dans le pierrier
longtemps
encore
au sortir de l’eau
l’enfant se retire
peu à peu
du corps ridé
qui titube
sur les galets
pas tout à fait
en reste encore un peu
assez
pour écrire
ce poème