Faudra-t-il s’y faire
à ces jours mal levés
que l’on dirait barbouillés en grisaille
par un peintre maladroit ?
à peine si la lumière
vient mâtiner l’air figé
de nostalgie plus que de présage
est-ce moi ou la mer
qui a mal dormi ?
on dit : page blanche
mais elle est grise
la page d’où les mots
se sont absentés
il faut reprendre l’effort
s’adonner à la vague
ligne après ligne
retrouver le mouvant
des galets
quand la mer se fige
est-ce à nous de lui réapprendre
le coup de rame
la nage ?
le poème
ne peut tendre à la mer
que le miroir
de ses propres inquiétudes
page et mer
en attente d’être écrites
d’être lues
à la fin du poème
il semble que quelque chose
ait commencé à frémir
à la surface du grisé
dans lequel la mer
est sur le point de se perdre
mais ce ne sont
que les ronds de pluie
qui s’est mise à tomber
ronds d’œil pour regarder
des deux côtés du gouffre