A force d’écrire fenêtre ouverte
j’ai pris le bourdonnement de la ville
pour le roulement de la mer
le chuintement de la pluie
sous les roues des voitures
pour le sillage d’un bateau
tout devenait mer
poussées de vagues
jusqu’à la table mise
pour accueillir les mots
mais maintenant qu’il faut
fermer la fenêtre
les mots se cognent à la vitre
comme des papillons de nuit
à la vitre ou à ma fatigue ?
je n’entends plus
je ne vois plus
la lumière a beau jaillir
et venir se planter
comme un couteau
sur le blanc des façades
endormies
elle n’éveille plus
que des doutes muets
je ne sais plus la recueillir
je sors
je vais au devant
de celle qui ce matin
ne vient pas
et la voilà
au débouché du boulevard
elle me fouette le visage
sous les rafales du vent
je la reçois de mots
je suis page
la mer écrit en moi
je me laisse à nouveau
écrire par la mer
peu importe si le vent
arrache les pages
du carnet
et les noie
dans la vague