Naissance du soleil
quête de la toison d’or
patrie du Dieu lui-même
cette mer n’en a
que pour l’Orient
à l’Est !
à l’Est !
tous obsédés
de circonvolutions
à la recherche de l’origine
à croire qu’il n’y a ici
d’autres illuminations
que celles des derviches
tournant sempiternellement
sur eux-mêmes
le poème lui-même
se complaît
aux retours inévitables
de l’aube
qu’il prend
pour naissances
se targue de psychanalyse
quand il fait paresseusement résonner
mer et matrice
pourtant la mer elle-même parfois
semble attirée par le précipice
de l’Ouest
ce trou d’aiguille
par où s’évadent
soleil et bateaux
elle se souvient du corsaire
(il n’y en eut pas deux)
parti de cette baie
à la conquête d’outre océan
ou du Héros des Deux-Mondes
géant à chemise rouge
qui batailla aux Amériques
mais lui aussi succomba
à la fatalité des retours
ne pourra-t-on jamais partir ?
celui qui à son tour revint
plein d’usage et raison
n’a plus parents parmi lesquels
vivre le reste de son âge
chaque jour en écho à la mer
il refait le parcours d’est en ouest
à la boussole des mots
ici est le seul nom du salut