Au rythme d’un chalumeau
un air de fado
des ouvriers
sur le toit
d’un immeuble
emmitonnés
de soleil naissant
réparations d’après pluie
le soleil vient
constater les dégâts
la musique amplifiée
rode d’un toit à l’autre
jusqu’à la mer
qu’elle agace
de nostalgie
manque de quoi ?
ici pas de saudade
le français
n’a pas un tel mot
un bonheur
hors du monde
suggère Camões
ce matin
l’horizon est trop net
la mer trop pleine
d’elle-même
pour se laisser
atteindre
elle renvoie le fado
à ses terres
océaniques
un toit
des ouvriers
les ronflements
d’un chalumeau
la voix grave
et grésillante
du chanteur de fado
victime d’une sono
indigente
je ferme la fenêtre
Ana Moura
chante Desfado
Le destin veut que je ne crois pas au destin
Et mon fado est de n’avoir aucun fado
la mer n’écoute plus
elle est trop loin
est-ce d’être parti longtemps ?
certains jours
elle ne me reconnaît pas