Mer de verre aussi transparente que le ciel
Trois lignes bleues
trois bleus
Rothko en mer
le soleil déjà haut
glisse dessus
pas un souffle
au troisième les perceuses
sont à l’œuvre
qui se fraient un chemin
entre les traits sonores
des voitures
des motos
une ambulance
à Paris 18ème
huit morts
dans l’incendie d’un immeuble
deux enfants
on aurait mis le feu
d’autres enfants ou des guère plus vieux ?
il y a bien longtemps
que l’on ne peut plus opposer
la beauté et l’horreur
elles se côtoient
se marchent sur les pieds
la mer splendide est un tombeau
le feu de vie est un désastre
difficile de savoir
si le bateau qui passe au loin
est un cargo en perdition
ou un navire de croisière
qui pourra dire
encore – que la beauté
sauvera le monde ?
quoi d’autre pourtant ?
le regard à nouveau
chaque fois
s’élance
bien en avant du corps
et l’entraîne
dans la contemplation
de ce qui le subjugue
la mer est un tapis d’amour
de prière
de pleurs
arc tendu de l’horizon
qu’elle tient
d’un bord à l’autre
pourvu qu’elle ne lâche pas !