Dans l’aveuglant soleil mourant
aux portes des confins
on la croirait calmée
unifiée d’un seul tendu de bleu
qui s’étire en galets
jusqu’au rivage
à peine grenelée
s’y accrochent
les derniers filaments de lumière
on se dit qu’elle a
rendu les armes
on s’approche pour profiter
des miroitements
auxquels elle s’abandonne
elle explose
sans crier gare
en grandes roues
blanchies de lumière
et de sel
elle parade
gicle
déborde
conspue
pigeons et passants
avant goût de tempête
malgré l’air désœuvré
encore une bordée
de vagues ébouriffées
elle reprend sa tenue vacancière
mer qui cache son jeu
la pourfendre de galets
n’est que manière enfantine
de lui rendre ses facéties
viendrait-elle
à les faire flotter
comme bouteille
quel message emporteraient-il ?
celui de notre impuissance ?
ou nos rêves asservis
aux retours de la vague ?
deux pigeons se becquettent
à distance de ses humeurs
plus loin un jeune couple enlacé
la mer y reconnaît
les siens
ce n’était qu’un rappel
l’hiver viendra
l’hiver vient
la mer est prête
à partager ses armes