Est-ce qu’on peut
dire ce matin
que la mer est
gris soleil
que l’œil se voile
à essayer de regarder
gris éblouissant
qui rend toutes choses
égales – les toits
les façades le ciel
image de télé
aux couleurs mal réglées
à moins que ce ne soit le monde
lui-même plongé
dans la confusion
tout également obscurci
dans l’oxymore
d’une poussière lumineuse
je cligne les yeux
fronce les sourcils
ne voit pas mieux
il y a des matins
où discerner
est resté dans les rêves
on aborde le jour
à l’aveugle
comme lorsque ma mère
ouvrait les volets
d’un coup pour me forcer
à me lever
je ne savais plus
si c’était ma mère
ou le soleil
que je détestais
cette même lumière
aujourd’hui aveuglante
on voudrait supplier
pour un peu d’ombres
de contrastes
on finit par ne plus rien entendre
plus comprendre
on voudrait retourner
à la nuit
au moins fermer les volets
tourner le dos à la mer
qui se complaît
de reflets
une eau pierreuse
à ne plus savoir
à quoi on a à faire