Suis-je seul
à ne pas me payer
de l’absence
des mots
à dire que s’il n’y a pas
de jusant
de flux
de reflux
si la mer à son plus haut
ne gagne sur la rive
que quelques
longueurs
de galet
elle fait néanmoins
son travail de mer
elle appelle
ce matin elle écrit
des lignes calligraphiées
à l’encre blanche
sur fond bleu
des lignes qui défilent
sans que j’ai le temps
de les déchiffrer
une sorte de morse
traits et points
sens perdu
illisible
elle appelle
et je viens
pas la peine de bouger
d’où je suis
je viens
mot après mot
les mots
me devancent
je lis ce que j’écris
je marche
vers la mer
sur les flots
jusqu’à me reconnaître
dans le tremblement
de la vague
souvent je l’ai dite
sœur jumelle
de mes effrois
de mes courages
sœur en laquelle je reconnais
celui que je ne suis pas
encore
moi mer
moi flot
moi conquête
moi ce matin griffé
de mots blancs illisibles
j’écris pour essayer
de comprendre
ce que je ne sais pas lire
le sens à portée de mer
comme si je n’étais venu ici
que pour apprendre d’elle
ce que tant d’années
n’ont pu déssiller