La mer est toujours
plus haute que nous
retenue on ne sait par quoi
sur le fil de l’horizon
de la fenêtre
on la voit qui nous observe
on circule on l’oublie
la trouée d’une avenue
elle est là
jeu de cache cache
qu’attend-elle ?
on devine qu’il suffirait de peu
pour que rompant ses amarres
elle se glisse par les rues
comme une foule
aux jours de liesse
mais y croire ?
je vois bien qu’elle est plus haute que les toits
je vois sa nonchalance de chat
je vois sa puissance ramassée
je vois ses colères des jours gris
je dis : elle se retient
on croit si peu à ce que l’on voit
sa patience nous trompe
notre certitude à durer
nous rend la vue opaque
nous ne voulons retenir que le charme
de ses moutonnements d’azur
mais vivre à la hauteur de sa menace sans malice ?
rien de pervers ni malveillance
elle ne connaît pas nos rancœurs
elle est simplement mer
terriblement mer et nous fragilement hommes
sa bienveillance ne suffit pas à notre éternité
viendra le jour douloureux
où il faudra accueillir sa venue
avec gratitude