La mer ne garde pas
traces de la nuit
elle essuie le ciel
du revers
de ses vagues
peurs
angoisses
menaces
à chaque aube
elle refait
les commencements
chaque jour
un jour nouveau
sort de la mer
lavé de neuf
reste ce que l’on en fera
la mer
est spectatrice
de nos manquements
elle est lasse
de nos égarements
une voile jaune
parachute ascensionnel
croit pouvoir
la dérider
à peine un trait de sciure
sur son visage indifférent
elle a bien autre chose
à faire
elle ressasse les blessures
que nous lui infligeons
ces corps
que nous lui abandonnons
et qu’elle doit recracher
sur la plage
qui est venu la remercier
d’avoir bordé
de ses larmes
le corps de l’enfant
mort ?
elle l’a rendu et elle s’est retirée
il y en aura d’autres
et elle sera à nouveau seule
pour accomplir
la tâche
le glas sonne
un marteau piqueur
lui fait contrepoint
elle ne bouge même pas
elle ne se fait pas d’illusion
elle nous sait hommes
de possessions et de terres
notre regard sur elle
n’est que ligne
de fuite