A trop s’approcher de la mer
le danger est grand
d’y brûler tout langage
de rester sidéré
par tant de beauté
au bord des lèvres
la stupéfaction fait naître le vide
le roulement des vagues
lève les mots de la bouche
les tréfonds bleu lumière
les engloutissent
la barque au ras des rochers
n’est là que pour ponctuer
le silence
elle en indique le lieu
pas de parole en ce poème
la page ouverte trop près des flots
se couvre vite de crachin bleu
qu’un rien de soleil
dessèche
la mer n’y a écrit que du silence
oscillant sur ce silence
le pêcheur inlassablement
relève ses lignes
les lance
les ramène
les relance
mais rien au bout de son hameçon
le poème se perd dans pareille obstination
il ne pêche que du silence
silence bleu
dans lequel il devine
ce qu’il ne devrait jamais cesser
de vouloir atteinde
la mer ne donne qu’à celui
qui s’abandonne
mer de moines
perdus au grand silence
désert d’eau
le Sans-Nom
parfois s’y manifeste