Petits points cardinaux

Michel Séonnet

16 octobre

A trop s’approcher de la mer
le danger est grand
d’y brûler tout langage

de rester sidéré
par tant de beauté
au bord des lèvres

la stupéfaction fait naître le vide

le roulement des vagues
lève les mots de la bouche

les tréfonds bleu lumière
les engloutissent

la barque au ras des rochers
n’est là que pour ponctuer
le silence
elle en indique le lieu

pas de parole en ce poème

la page ouverte trop près des flots
se couvre vite de crachin bleu
qu’un rien de soleil
dessèche

la mer n’y a écrit que du silence

oscillant sur ce silence
le pêcheur inlassablement
relève ses lignes
les lance
les ramène
les relance

mais rien au bout de son hameçon

le poème se perd dans pareille obstination
il ne pêche que du silence

silence bleu
dans lequel il devine
ce qu’il ne devrait jamais cesser
de vouloir atteinde

la mer ne donne qu’à celui
qui s’abandonne

mer de moines
perdus au grand silence

désert d’eau

le Sans-Nom
parfois s’y manifeste

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