Petits points cardinaux

Michel Séonnet

18 septembre

Au rythme d’un chalumeau
un air de fado

des ouvriers
sur le toit
d’un immeuble

emmitonnés
de soleil naissant

réparations d’après pluie

le soleil vient
constater les dégâts

la musique amplifiée
rode d’un toit à l’autre

jusqu’à la mer
qu’elle agace
de nostalgie

manque de quoi ?

ici pas de saudade
le français
n’a pas un tel mot

un bonheur
hors du monde

suggère Camões

ce matin
l’horizon est trop net
la mer trop pleine
d’elle-même
pour se laisser
atteindre

elle renvoie le fado
à ses terres
océaniques

un toit
des ouvriers
les ronflements
d’un chalumeau

la voix grave
et grésillante
du chanteur de fado
victime d’une sono
indigente

je ferme la fenêtre

Ana Moura
chante Desfado

Le destin veut que je ne crois pas au destin
Et mon fado est de n’avoir aucun fado

la mer n’écoute plus

elle est trop loin

est-ce d’être parti longtemps ?

certains jours
elle ne me reconnaît pas

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