Il faut que je fasse attention, me dit ma mère, au téléphone. Je glisse de plus en plus facilement des mots de provençal dans ce que je dis. Je vais finir comme ma grand-mère...
Elle ne m’en chante pas moins un cantique à Saint-Joseph qu’elle a découvert lors d’un pèlerinage au sanctuaire Notre Dame de Grâces, à Cotignac :
Sant Joùsé se’n va en pélérinagé
Rencontro Gaspard qué plour’e souspiro
Qu’as, digo, Gaspard, qu’en plourant souspires ?
Ièu, more de set, et trove ges d’aigo... [1]
Ce cantique relate un miracle survenu à Cotignac dans lequel Saint-Joseph aurait fait jaillir une source à la grande joie d’un Gaspard mourant de soif. Pour se faire, le saint invita l’homme à frapper trois coup de pioches dans la terre desséchée.
Lors au proumier cop, l’aigo souspiravo
Piei au secound cop, l’aigo degoutavo,
Mai au tresen cop, la sourço raiavo. [2]
Peut-il en être ainsi pour celui qui est en mal de langue ? Le syndrome de l’attaque valant pour coup de pioche dans un héritage déserté ?
A la première attaque, la langue a soupiré.
A la deuxième, gouttera-t-elle ?
Pour couler librement à la troisième ?
Mais pour étancher la soif de qui ?